Investir dans l’art : quels sont les risques et précautions à prendre ?

Diversification, valeur refuge, prestige, rendement… L’investissement dans l’art attire de plus en plus d’individus en quête de nouveaux placements. Preuve en est : en 2025, le rapport Art Basel & UBS 2025, The Art Market Report, a montré que le marché de l’art avait généré 57,5 milliards de dollars sur l’année 2024 - un chiffre globalement stable sur les vingt dernières années - les transactions dans le marché de l’art mondial restent comprises entre 50 et 70 milliards de dollars.
Pour autant, comme tout investissement, le placement dans l’art comporte des risques. Avant de se lancer, il convient de comprendre le fonctionnement de ce marché complexe pour mieux maîtriser ses subtilités. Ce type d’investissement impose notamment un certain nombre de connaissances, mais aussi une rigueur dans la méthode.
Investir dans l’art : un potentiel de rendement patrimonial soumis à une nécessaire vigilance
Actif tangible, acte émotionnel, prestige social… Si l’art regroupe de nombreuses raisons pour lesquelles il séduit les investisseurs, il attire surtout pour sa capacité à résister aux crises économiques tout en générant une potentielle performance (non garantie). Mais derrière cet atout résident des contraintes à ne pas sous-estimer.

L’art, un actif à part entière dans une stratégie de diversification
L’art s’intègre parfaitement à une stratégie de diversification. En plus d’être une valeur patrimoniale unique, il apparaît comme une valeur refuge décorrélée des marchés financiers. En effet, en cas de crises, il amortit mieux les impacts des fluctuations économiques négatives que d’autres actifs traditionnels. Lors de la crise financière de 2008 par exemple, alors que les bourses mondiales chutaient d’environ -40 %, le marché de l’art, lui, n’a baissé que de 26 % (Artprice Global Index). Des œuvres, particulièrement les œuvres dites blue chip, ont même vu leur valeur se maintenir, voire s’accroître.
Un marché attractif mais complexe à décoder
Le marché de l’art demeure toutefois un environnement complexe à appréhender. D’abord, il peut paraître opaque aux yeux des néophytes. Il est influencé par des mouvements moins rationnels que par certains facteurs macroéconomiques bien connus. Exemple : la cote d’un un artiste évolue selon les tendances culturelles, la reconnaissance institutionnelle, les expositions réalisées… Aussi, c’est un marché où existe davantage d’intermédiaires. Investir dans une œuvre nécessite des connaissances et implique une démarche longue : s’entourer d’experts, se renseigner sur le marché, passer par des galeries d’art, des marchands, des maisons de ventes…
Les principaux risques liés à l’investissement dans l’art
Le risque de perte de valeur ou de volatilité du marché de l’art
Rappelons qu’à l’image de tout investissement, une œuvre d’art reste un actif qui, par nature, ne garantit pas un rendement. Pour l’optimiser, on peut néanmoins dresser une liste de facteurs qui établissent la valeur marchande d’une oeuvre :
- La notoriété de l’artiste : présence dans certaines collections, représentation par des galeries prestigieuses, expositions et rétrospectives institutionnelles, qualité de la critique...
- La qualité de l’œuvre : œuvres réalisées lors de certaines périodes de la vie de l’artiste, qualité, conservation…
- Le contexte culturel : mouvements artistiques (artistes reconnus après des dizaines d’années).
- Le contexte économique : achat en crise économique ou en phase d’euphorie…
- Les effets de mode : artistes connaissant des ascensions fulgurantes mais fragiles (effet d’emballement).
Un manque de liquidité des œuvres d’art
La détention d’un actif implique de connaître sa liquidité, c’est-à-dire la facilité avec laquelle il peut être échangé. Or, le marché de l’art se distingue par sa faible liquidité. En effet, les œuvres ne s’achètent et ne se revendent pas du jour au lendemain. La revente peut être longue et incertaine pour des raisons de valeur, ou pour des raisons pratiques : pour échanger un bien, il faut fixer son prix, identifier un canal de revente, trouver un acquéreur intéressé, etc… Il est donc plus difficile de se séparer d’une œuvre que d’une action. Une faible liquidité qu’il faut considérer dans sa stratégie.

Des risques liés à l’authenticité
Outre la volatilité et le manque de liquidité, d’autres risques touchent le marché de l’art, notamment en matière d’authenticité. Parmi ces risques, on compte :
- Les faux et les contrefaçons. Qu’il s’agisse de faux (œuvres imitant le style d’un artiste) ou de contrefaçons (copies frauduleuses présentées comme originales), ces pratiques peuvent faire perdre toute la valeur d’un actif et exposent à des litiges juridiques et assurantiels. La vente est quasi-impossible.
- Le manque de traçabilité. Ce type de risque concerne l'absence de documentation fiable concernant l'origine et les différents possesseurs d'une œuvre. Ce manque de traçabilité peut entraîner des litiges juridiques, des problématiques de propriété, une difficulté sur l’estimation, ou encore des problèmes avec son assurance.
- Les œuvres en mauvais état (ou modifiées lors de restaurations). Ces œuvres sont risquées puisqu’elles touchent à leur intégrité. Toute forme de dommage, de vieillissement ou de mauvaises réparations impactent négativement sa valeur, rendant la certification et l’estimation moins certaines.
Des contraintes juridiques et fiscales
Enfin, autre contrainte : la réglementation juridique et fiscale. Une fois le titre de propriété obtenu, il convient d’anticiper les frais associés à l’achat d’art.
- Frais d’importation et d’exportation : en cas d’achat à l’étranger, l’importation est sujet à des formalités douanières et des frais situés entre 5,5 % et 20 %.
- Obligations déclaratives : l’acquisition d’une œuvre d’art doit être déclarée à l’administration fiscale au-delà d’une valeur supérieure à 5 000 euros.
- Fiscalité de la plus-value : les œuvres d’art sont soumises à la taxe sur les plus-values au moment de leur revente. La législation française taxe par exemple ces plus-values entre 6 % et 35 %.
Précautions à prendre avant d’investir dans l’art
Avant d’investir dans l’art, il s’avère essentiel de connaître les bons réflexes pour limiter les risques.
Faire appel à des experts et vérifier la provenance
Tout investisseur sérieux doit faire preuve d’humilité dans sa démarche, surtout quand il s’agit du marché de l’art. Pour réaliser un bon investissement, il ne faut pas hésiter à s’appuyer sur les opérateurs reconnus du milieu. Collectionneurs, restaurateurs, commissaires-priseurs, historiens, assureurs spécialisés, sociétés de conseil en investissement dans l’art… Forts de leur réseau, ils conseillent les investisseurs pour réaliser leurs acquisitions. Des sociétés comme Matis les aident notamment à identifier les bonnes opportunités en maisons de vente ou galeries, les fondations ou les ayants-droit des artistes, les experts…

S’informer sur le marché et les artistes
De la même manière qu'on n’achète pas un bien immobilier sans se renseigner sur sa localisation géographique ou ses caractéristiques, on n'achète pas une œuvre sans se pencher sur la trajectoire de l’artiste ou sur le mouvement auquel il appartient. Voici donc quelques informations à regarder avec attention :
- L’artiste : âge, origine, parcours, formation…
- Le mouvement : cubisme, expressionnisme abstrait, réalisme, abstraction lyrique…
- L’historique : expositions et rétrospectives dans de grandes institutions, représentation par de prestigieuses galeries, présence dans de grandes collections…
- L’évolution de la carrière et de la cote : ascendante, descendante, stable…
- La conservation de ses œuvres : état général, restaurations, copies, unicité…
- L’authenticité : valeur, provenance, signatures…
Choisir les bons canaux d’achat
Enfin, les canaux d’achat doivent être observés avec la même rigueur que les biens en soi. Il est donc recommandé de passer par des spécialistes, comme des maisons de ventes, des galeries, des marchands d’art ou encore des sociétés d’investissement spécialisées, comme Matis. Ces circuits permettent non seulement de garantir l’authenticité et la provenance des œuvres, mais fournissent aussi des conseils au sujet du marché de l’art.
Cas concrets : comment limiter les risques grâce à une approche professionnelle ?
Intégrer l’art dans une stratégie globale de diversification
L’art en tant que placement doit être considéré comme un actif, prestigieux, répondant à des logiques de marché. Ainsi, le placement dans l’art ne doit pas être le seul à composer un portefeuille. Il est plutôt recommandé de l’intégrer à une multiplicité d’actifs afin de rendre son patrimoine plus cohérent. En cela, l’art complète parfaitement une stratégie de diversification.
L’accompagnement dans les club deals : un filet de sécurité
S’il existe deux modes d’achat pour acquérir une œuvre d’art (achat direct ou investissement collectif), le second garantit un meilleur filet de sécurité pour les investisseurs amateurs. Ce type d’achat se réalise généralement via des club deals qui permettent d’accéder à des œuvres présélectionnées par des experts. Voici les différences entre ces modes d’achat :
Exemples de situations à éviter
Adopter une démarche raisonnée et professionnelle évitera de commettre des erreurs fréquentes. Voici quelques exemples de situations à éviter en matière d’investissement :
- Concentrer son portefeuille : investir dans des actifs très similaires (tout sur l’art, ou tout sur l’immobilier, tout sur la cryptomonnaie, tout sur un même secteur…) ;
- Manquer de connaissance : acheter sur un coup de coeur, sur un excès de confiance, ou sur un artiste méconnu ou sulfureux ;
- Suivre les effets de mode : investir sur un artiste sur lequel “tout le monde investit” ;
- Oublier les coûts annexes : sous-estimer les coûts de stockage, de restauration, d’assurance ou de fiscalité ;
- Ne pas définir sa stratégie : investir sans prendre en compte son capital, son patrimoine, son appétence au risque ou son horizon de placement.
Conclusion : investir dans l’art avec humilité et méthode
Pour résumer, investir dans l’art promet une expérience excitante et enrichissante. Toutefois, comme tout investissement, des risques existent, même si des techniques permettent de les maîtriser. Une bonne connaissance du marché et un accompagnement par des experts assureront aux investisseurs des moments émotionnels forts, tout en diversifiant leur patrimoine.